Une jeune fille nommée Dria est assise dans une salle de classe dans les Territoires Palestiniens.

Elle colle soigneusement des boutons qu’elle a choisi sur l'extérieur d'une chaussette. Deux boutons deviennent des yeux, un bouton devient un nez et un fil devient une touffe de cheveux sur sa création finale : une marionnette. Avec cette dernière, Dria se tient sur une scène dans une salle remplie d'enfants et interprète un sketch qu'elle a elle-même écrit. Ces spectacles de marionnettes créent un espace dont les enfants ont grand besoin pour parler des défis auxquels ils ont été confrontés et pour exprimer leurs sentiments de manière ludique.

« Je suis très fière de la marionnette que j'ai fabriquée. C'est ma meilleure amie. Chaque fois que je suis triste, je lui parle et je l'ai montrée à tous mes camarades et à ma famille. »

Ces séances font parties du camp d’été « De petites mains, pour de grands rêves » conçu pour créer un espace sûr pour les enfants palestiniens afin qu'ils reçoivent un soutien psychosocial et participent à des activités qui favorisent l'expression et la confiance en soi ainsi que la créativité.

SURMONTER LA DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE PAR LE JEU À GAZA

Pour de nombreux enfants palestiniens, la menace permanente de la violence et des conflits a eu un impact émotionnel important. En 2019, une étude du Conseil norvégien pour les personnes réfugiées a révélé que 68 % des enfants en âge d'aller à l'école à Gaza souffraient de détresse psychologique. Cette détresse s'ajoute aux attentes relatives aux rôles sociaux attribués aux hommes et aux femmes, au stress supplémentaire d'une pandémie mondiale et aux tensions politiques renouvelées, créant ainsi un besoin urgent de soutien.

Mutasem, un garçon de huit ans qui a participé au camp d'été d'une semaine à Gaza, parle de ces tensions en disant : « Les gens étaient bouleversés à cause de la quarantaine et ensuite la guerre est arrivée, ils n'ont donc pas eu l'occasion d'évacuer leur stress ». Pour des enfants comme Mutasem, le camp a été un lieu sûr où ils ont pu travailler sur ces sentiments difficiles et apprendre des mécanismes d'adaptation sains pour relâcher la tension au lieu de la garder en eux.

« Nous avons appris à transformer la négativité enfouie en nous en énergie positive. Les activités de soutien psychosocial nous ont permis d’évacuer une grande partie de notre stress » Salma, jeune du camp, 9 ans

Chaque jour, des enfants issus de communautés vulnérables de Gaza ont participé à des sessions destinées à les aider à faire face aux défis auxquels ils sont confrontés. Ils ont participé à différentes activités, notamment des activités artistiques, où les enfants ont expérimenté différents styles d’art pour exprimer leurs sentiments et leurs rêves ; des jeux spécialement conçus pour aider les enfants à se sentir maîtres de leurs actions ; des séances de soutien psychosocial, où les enfants ont appris et pratiqué l'expression et le contrôle de leurs émotions ; et des contes, où ils ont écouté et créé leurs propres histoires à l'aide de marionnettes.

Salma, âgée de neuf ans, a partagé son expérience lors de ces sessions et comment ces dernières les ont aidés, elle et ses camarades, en disant : « Nous avons appris à transformer la négativité enfouie en nous en énergie positive. Les activités de soutien psychosocial nous ont permis d’évacuer une grande partie de notre stress ».

Hany Alluh, animateur de terrain pour Right To Play, estime que les camps de ce type jouent un rôle important en permettant aux filles et aux garçons de bénéficier de manière égale au soutien psychosocial. La création de ces environnements sûrs et inclusifs aide les enfants à acquérir la confiance et la résilience dont ils ont besoin pour s'épanouir et réaliser leurs rêves.

« Nous travaillons avec une équipe spécialisée de formateurs et formatrices, de spécialistes et d'accompagnateurs et accompagnatrices travaillant vers un objectif commun », explique Hany. « Nous voulons créer un environnement positif et respectueux de l'égalité des genres pour que les participants, garçons et filles, aient des chances égales et équitables d'apprendre, de participer et d'exprimer leurs sentiments, leurs rêves et leurs ambitions. »

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Khaled, animateur de programmes pour Right To Play, guide les enfants dans un sketch avec les marionnettes qu'ils ont créées dans un camp dans les territoires palestiniens. Ces activités sont conçues pour aider les enfants à apprendre à exprimer leurs émotions de manière saine.

ENGAGER DES DISCUSSIONS ET RENFORCER LA CONFIANCE EN SOI DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS

Dans les territoires palestiniens, les enfants ont eu la possibilité de participer à des activités et à des défis en ligne, en plus des sessions en personne. Pendant trois semaines, les enfants ont participé à des activités qui ont stimulé leur créativité, par exemple raconter des histoires, danser, faire de la musique et jouer à des instruments de musique, jouer aux marionnettes et fabriquer un jouet mou qu'ils peuvent serrer dans leurs bras lorsqu'ils sont contrariés. Chaque semaine, Right To Play postait un nouveau défi sur Facebook avec des instructions sur la manière de réaliser l'activité tout en invitant les enfants à partager leurs créations avec les autres en postant des photos ou des vidéos de ce qu'ils avaient confectionné. Cela a donné aux enfants et à leurs parents l'occasion de se connecter et de jouer à la maison, et aux parents l'occasion de découvrir de nouveaux outils pour soutenir la santé mentale de leurs enfants.

Une mère a expliqué comment les activités en ligne ont rapproché sa famille, suscité des conversations sur leurs émotions et l'ont aidée à réaliser que l'un de ses fils avait besoin d'un soutien supplémentaire. Elle a déclaré : « J'ai quatre garçons. Le camp d'été m'a permis de réaliser que l'un d'entre eux s'isolait et n'était pas aussi actif que ses frères. Avant le camp, je ne me rendais pas compte de ce problème et de la nécessité de trouver une solution. Tout au long du camp, mes enfants se sont encouragés mutuellement à relever les défis et ont fait des sketches pour leur père et moi. Ils ont permis d’engager de précieux dialogues et discussions ».

Une autre mère a expliqué à quel point les défis en ligne avaient aidé son fils à prendre confiance en lui : « Mon fils n'est pas du tout sociable. Il est très timide et a du mal à s'exprimer et à partager ses émotions. Au début, cela a été difficile lorsqu'on lui a demandé d'enregistrer une vidéo de lui en train de relever les défis. Mais après la deuxième semaine du camp d'été, lorsqu'il a vu les vidéos postées par ses camarades de classe, il a pris son courage à deux mains et s'est filmé lui-même. Après cela, il attendait avec impatience le prochain défi pour pouvoir se filmer ».


Le camp d'été « De petites mains, pour de grands rêves » est une initiative du projet TOGETHER, financé par le gouvernement du Canada par l'intermédiaire d'Affaires mondiales Canada. Ce projet vise à éliminer les obstacles à l'éducation des enfants réfugiés, en particulier ceux des filles, et à renforcer la capacité du corps enseignant à créer des environnements d'apprentissage sûrs et favorables pour les enfants. Par le jeu, les enfants acquièrent des compétences importantes qui favorisent la résolution des conflits, la cohésion sociale et le bien-être psychosocial dans leur vie quotidienne et à l'école.